Animation traditionnelle

 

J'attaque donc le long travail de fourmi qui consiste à faire plein de dessins pour donner vie aux personnages. J'observe des vidéos d'ours polaires pour comprendre comment ils bougent, je fais des essais pour faire bouger le plein et le vide dans les formes et contre-formes de mes personnages. Finalement j'attaque le film par le début, en animant les plans les uns après les autres.

Les dessins sont tous réalisés à la plume sur papier d'anime (léger grammage pour voir en transparence), à raison de 12 dessins par secondes. Je sépare les personnages sur des feuilles différentes pour pouvoir retravailler l'animation de chacun indépendamment plus tard. Quelquefois je dessine au crayon de papier d'abord, puis je reprends à l'encre et je gomme les dessins une fois secs ; d'autres fois, sûr de moi, j'attaque l'animation directement à l'encre. En général, je commence mon animation par les « poses clefs », puis j'avance d'un dessin à l'autre en réalisant les « inters » en continue, en anime directe.

Je deviens doucement expert en taches d'encre contrôlées...

Et puis un jour c'est le drame ; en entamant une nouvelle ramette de papier d'anime, je me rends compte que sa trame est différente de celui que j'utilisais depuis le début, même nom, même fournisseur ! Cette différence peut paraître insignifiante, mais la trame du papier est une composante essentielle du film, les dessins étant ensuite photographiés en transparence...

Bref, je suis dans tous mes états (j'ai déjà fait beaucoup de dessins sur le papier précédent et je ne me sens pas de tout refaire), je téléphone aux fournisseurs, je cherche les stocks, je compare les grains, et heureusement, je retrouve des ramettes de la même composition (ou presque...). Ouf, je peux reprendre sereinement ma moyenne de 60 dessins par jour.

J'anime l'ours sur le son de l'animatique, qui est un rire cartoon de la Warner, mais il faut absolument que je trouve quelqu'un pour la voix de l'ours...

Plus j'accumule les piles de dessins numérotés autour de mon bureau, plus je me rapproche de la fin de l'histoire, que je n'ai pas encore calé à l'animatique. Il faut donc que je me replonge dans le découpage pour rendre les plans avec la baleine compréhensibles et impressionnants. Et puis une grande partie de cette scène se construit directement à l'anime. Enfin, je touche à la séquence finale, que je veux en couleurs. Ce n'est pas un choix évident à défendre, tout le monde m'argumentant que la couleur est synonyme de joie, et que je vais perdre mon message écologique. Mais sur les bons conseils d'Olivier Gillon, j'opte pour la peinture sur pellicule qui apportera suffisamment d'étrangeté pour passer outre ces codes visuels établis.

Je prépare donc le plan séquence final comme le reste, à la plume sur papier, dans l'idée de le reprendre plus tard en couleur.

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