Vu ce contexte qui semble idyllique, il est amusant de penser qu'à l'origine de ces « câlins... » il y a une rupture. Après avoir fait un journal intime comme premier film je ne pouvais pas ne pas m'inspirer de ma vie pour faire le second. Il y a donc une rupture et un travail d'écriture et de recherches graphiques assez long pour trouver la bonne distance d'avec le réel, et faire une fiction.

Je voulais depuis longtemps faire un film sur l'amour physique qui me semble inséparable de l'amour tout court. La représentation de la sexualité en animation est souvent grivoise et peu sensible ou alors c'est un traumatisme. Mais l'amour normal, doux, partagé, cru tout de même, me semblait rare. Et pourtant l'animation est un bon moyen pour parler de ces choses là. Il n'y a pas d'acteur, il n'y a pas d'humain, il n'y a que des traits, de la couleur et du son, du rythme et de la vibration. On n'est donc pas dans le réel ou dans une singerie du réel. On est dans autre chose, dans une représentation forcément distancée. Et c'est cette distance, pour parler justement de quelque chose de profondément humain, intime, qui m'intéressait. Je voulais deux personnages qui se connaissent qui connaissent leurs corps, leurs sexes, leurs odeurs, qui aient leurs petits jeux, leurs petites habitudes et qui jouissent. Leurs corps sont bien ensemble, même si leurs esprit ne le sont pas forcément. Il y avait ces deux aspects, qui peuvent paraître antinomiques : ce couple est séparé, il y a une douleur forcément, et pourtant leurs corps se retrouvent sans problème... et la douleur s'accentue un peu plus... C'est une histoire simple, que tout le monde peut vivre. Quand on sort d'une nuit d'amour avec quelqu'un qui nous a quitté, on n'en revient pas indemne. Les corps nous ont leurrés, nous ont fait croire que tout allait bien.

 

 

 

 

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