Quand nous avons terminé « Bonsoir Monsieur Chu » notre premier film qui parlait de la culture vietnamienne (de la fête des âmes errantes en particulier), nous avons eu envie de faire quelque chose de vraiment aux antipodes. Cela a été notre moteur principal pour écrire « Mei ling ».
Nous voulions un film en huis-clos (toujours en opposition à notre film précédent qui se passe principalement à l'extérieur, dans les ruelles et les rizières du Vietnam) et une narration plus « classique » et chronologique.

Nous avions envie de travailler en suivant les méthodes de la prise de vue réelle.
En effet, en animation, on est généralement obligé de faire un story-board très précis et de le suivre au mieux pendant la fabrication du film. L'animation est très longue à faire, et on ne peut pas se permettre de couper beaucoup au montage.
Pour remédier à cela, au lieu de faire un story board, nous avons modélisé l'appartement et le personnage principal en 3D simplifiée sous After Effects.  
A ce stade, nous ne nous sommes souciés que des plans nécessaires à la compréhension de l'histoire.
Une première phase d'animation schématique des personnages dans le décor 3D nous a permis de définir précisément leurs déplacements. Dans la pièce, nous avons placé des caméras 3D sur des rails, afin de recréer des mouvements de steady cam, dolly et grue.


Grâce à ces caméras 3D, nous avons pu ensuite calculer différents points de vue des scènes.
De la même façon qu'un acteur apporte au réalisateur par son jeu, l'animation a apporté une présence aux personnages dont on a pu jouer au montage.
En nous libérant des contraintes habituellement liées au story-board et plus généralement à l’animation 2D, nous avons pu obtenir un montage plus spontané, dynamique et créatif.

Ce premier montage effectué, nous avons fait un travail de sonorisation à partir de musiques et prises de sons témoins.

En ce qui concerne les décors, le plus gros travail a été la modélisation de l'appartement de Mei Ling et le travail des ambiances et des lumières pour que l'on sente le temps passer et les humeurs de Mei ling changer au cours de l'histoire.
Pour les décors extérieurs, nous sommes partis à Hong Kong et nous avons filmé avec une caméra mini DV. Nous avons travaillé sans story board, filmant beaucoup et choisissant les meilleurs plans à notre retour (toujours dans une logique de film en prise de vue réelle).

Mei Ling a été animée de façon traditionnelle, crayon sur papier. Quelques plans ont été réalisés en papier découpé. Dans les plans utilisant des mouvements de caméra, nous avons utilisé l’animation préparatoire (celle du squelette de l'animatique) comme base pour une rotoscopie du personnage, évitant ainsi les problèmes de stroboscopie et de réglettes.


Pour le poulpe, nous avons déformé et déplacé une texture photographique à l’intérieur de masques en vecteurs sur After Effects, pour donner une impression de volume.
Les tentacules, qui devaient être fluides et souples, ont été animées grâce à la fonction «marionnette».
Pour les animations secondaires, nous avons utilisé la technique du papier découpé en créant des pantins à partir d’élément dessinés ou photographiés. Certaines de ces animations ont été automatisées, grâce à la programmation de scripts. Par exemple, nous avons programmé les poissons rouges pour qu’ils se déplacent aléatoirement dans l’aquarium et les aiguilles de l’horloge pour qu’elles tournent en temps réel, à partir d’un horaire défini en début de plan.

Au fur et à mesure, nous avons imaginé et fabriqué des plans de coupe que nous avons utilisés pour renforcer l'ambiance (comme le plan de la robe qui sèche à la fenêtre ou le plan de l'orchidée qui se fane).

Dès que le montage a été arrêté, Denis Vautrin a commencé à écrire la musique du film et travailler sur le son définitif.

En parrallèle, nous avons peaufiné le compositing, en particulier l'intégration des personnages (ombres, lumières...)
Pour le travail des effets spéciaux (fumées, pluie, poussière, eau…), nous avons utilisé des effets de particules 3D afin d’intégrer les effets, à la fois dans l’espace 3D de la pièce et dans la perspective des éléments photos et vidéos.
Ce travail a permis d’homogénéiser l’image, estompant les frontières entre les différents matériaux et techniques.

 
Vous écoutez le générique du début du film (musique Denis Vautrin, chant Amanda Sun)

 

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