MAMAN, CETTE HEROÏNE...

ou QUELQUES PRECISIONS NECESSAIRES.

« On va bien s'amuser ! » telle fût la première réaction de ma mère, Miou-Miou, quand elle a lu le scénario de Marcher. Cela me fit plaisir, car cela signifiait d'abord, tout simplement, qu'elle disait « oui », et puis qu'elle comprenait le film, ou plutôt le projet. Elle en percevait l'aspect ludique parce qu'elle avait lu une fiction.

Je ne la sentais ni troublée, ni partagée, ni hésitante, non elle était partante. Avec la même simplicité, le même élan qui m'avait poussé, moi, à écrire un film sur elle, sur moi, sur le temps qui passe, avec elle dans son propre rôle, son nom, son corps, sa drôlerie... Sans me poser de question.

 

 

   

 

 

Après, quand j'y songe, au-delà de cet élan, il y a des tas de très bonnes raisons simples et rationnelles de travailler avec ma mère... C'est une grande comédienne. Tout chez elle incarne ce que je veux raconter : son visage intact de tout sauf du temps, ses rides, son corps juvénile, sa justesse dans l'introspection comme dans la légèreté. Ce qu'elle représente pour moi, la mère, la rigueur et la douceur, celle qui élève et qui écoute, la peau de son cou... allié à ce qu'elle représente pour les autres, à savoir une des filles de 68, une femme libre, belle, populaire et sauvage, libérée, sensuelle... qui devient grand-mère. L'envie de la filmer. L'envie de pouvoir compter sur son expérience et sa créativité pour ma première réalisation. Et en plus elle était libre aux dates de tournage.

Comme beaucoup d'auteurs les évènements de ma vie sont souvent à la source de ce que j'écris. Ce scénario-là je l'ai écrit pour ma mère, elle est indissociable du projet. Elle est le corps et le coeur de cette fiction, qui avancera au rythme de ses pas. Derrière elle, il y a moi, et j'espère aussi un peu de tout le monde.
 

 

Vous écoutez un extrait de la bande son du film. Musique: Pascal Sangla

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