|
||
Rencontre avec Axel Cosnefroy, directeur de la Photographie Mon métier : Je suis en quelque sorte un interprète, je convertis, je développe et j'accompagne les idées, les rêves, les ambiances voulues par le réalisateur. Mon métier est ambivalent, car on doit à la fois avoir un style et être à l'écoute des réalisateurs. Un film c'est autant de semaines de préparation que de semaines de tournage. Nous établissons ensemble une direction artistique,et dans un deuxième temps, j'élabore des listes de matériels et je réfléchis à des procédés techniques (de caméra et de traitements d'images) pour faire advenir ce qu'il désire. Le matériel, ce ne sont que des outils, il ne faut pas s'encombrer avec eux ; de toute façon avec tout le matériel possible, on finit toujours avec trois bouts de planches et du scotch ! J'accepte de faire toutes sortes de films. J'ai simplement besoin de travailler avec des réalisateurs qui ont un regard. Le parti pris d'un film peut être discret mais avec du style. Si on prend, par exemple, le film « Juno » (Jason Reitman - 2007 - USA) il n'y pas de direction artistique flagrante mais l'image est élégante. J'ai d'abord besoin de m'imprégner de l'univers du réalisateur et du scénario pour nourrir ensuite le film. Le chef opérateur accompagne le réalisateur, par exemple, c'est à lui de dire dans une séquence si un mouvement est juste ou pas. C'est lui aussi qui prend en charge la continuité visuelle afin que le film soit harmonieux à l'image tout en se rappelant les fondements et les échanges initialement fixés sur l'esthétique générale. À chaque film, j'essaye de faire quelque chose de différent. C'est une façon de me lancer des défis si petits soient-ils. Pour avancer, je m'imprègne aussi de tous les grands mouvements artistiques avec un maximum d'ouverture et de curiosité.
Les échanges avec un réalisateur pendant la préparation : Nous parlons du rythme, de l'émotion, de mouvements de camera, du rapport aux comédiens. Nous échangeons sur des références cinématographiques. Consulter par exemple des photos c'est très bien, mais c'est de l'image fixe et, par ailleurs, il arrive que parfois des lumières formidables en photos ne fonctionnent pas au cinéma. On cherche des références qui sont aussi réalistes par rapport au budget et par rapport aux techniques auxquelles nous avons accès. Les musiques, même si elles ne sont pas définitives, sont un excellent moyen de se plonger dans le film, elle rythme celui-ci. Nous partons toujours du film idéal puis progressivement nous serons amenés à faire des compromis. Mon travail, c'est également de ne pas perdre l'idée originelle du film au milieu des questions de budget ou de la réalité des décors.
Le découpage, le tournage : L'un des moments privilégiés est le découpage, soit la transposition de l'écrit en images. Et au moment du tournage, c'est mon rôle d'apporter du matériel au monteur afin qu'il puisse dynamiser le récit. Je peux suggérer au réalisateur d'apporter les quelques plans de coupes qui vont rythmer une séquence, tout en veillant à ce que ces plans respectent l'esprit du film. Je dois être toujours vigilant, très concentré sur chaque plan, sur chaque mouvement de caméra, sur chaque timing afin d'être au plus proche de la justesse du film .
Repérages : Pendant les repérages, j'ai toujours une boussole. Je photographie le décor et la boussole, au retour, je sais l'orientation de la course du soleil. Les photos de repérage sont aussi un moyen de tester des cadres, des ambiances, des lumières. C'est donc un moyen d'échanger avec le réalisateur sur ses envies. Avec Jeanne Herry : Dans le film de Jeanne, il y avait cette volonté d'élégance et de magie. Le steady cam répondait à cette volonté de fluidité, c'est un outil qui permet des mouvements souples. Concernant Miou-Miou, nous nous sommes dit dès le début que nous n'étions pas dans la publicité avec des images lisses et retouchées et nous ne voulions pas non plus en faire une icône. Cette femme est belle comme elle est, il fallait faire attention à elle, accompagner le temps qui passe, faire attention à la justesse de la réalisation.
|
||
Vous écoutez un extrait de la bande son du film. Musique: Pascal Sangla |
||