Note d'intention

Ce film est un petit conte. C’est l’espace du couple qui est au centre de cette histoire : espace physique, espace sentimental. Un enfant est désiré et conçu, mais c’est un ventre qui vient perturber leur sexualité. L’homme aime sa femme mais après quelques tentatives difficiles, il adopte finalement une posture de protecteur tendre. Elle, elle voudrait tout : être future mère à l’aise avec ce ventre et l’être qui l’habite, et être toujours femme avec ses désirs et ses pulsions. Elle trouve paradoxal que dans ce moment où tous les attributs de sa féminité se développent, où elle ne s’est jamais trouvée plus désirable, elle ne soit pas considérée pour son sexe mais uniquement pour son statut de future mère.

Filmer les corps 

Le ventre de cette femme est le centre de tout. De leur désir (d’enfant) et de leur problème, ce ventre qui va finir par cacher le sexe. Il sera aussi au centre de l’image tout le long du film, sauf au dernier plan : il n’y a qu’à la fin que l’on verra les visages et les regards des protagonistes. Le reste du temps, les corps seront filmés du buste au pubis, ou parfois jusqu’aux pieds. L’espace du lit étant la métaphore de cet espace sexuel envahi et perturbé, il sera souvant filmé de haut.
La position allongée des protagonistes permet alors de jouer avec toute une série de mouvements « chorégraphiques » dans l’espace/surface du lit (et hors du lit). Ainsi, lorsqu’elle tombe enceinte, ils pensent pouvoir se réapproprier pour un peu l’ensemble du lit et se mettent à pédaler avant de s’endormir.
Les scènes extérieures seront également filmées au niveau du ventre.
Ce parti pris non naturaliste crée une distance permettant une grande liberté : utilisation de métaphores (la main de l’homme constamment collée au nombril), crudité ni gratuite ni obscène (les sexes seront filmés tels qu’ils sont, au repos, en érection, ouverts, velus), amusement. Pour l’instant le film est prévu en noir et blanc pour en accentuer l’aspect volontairement graphique (il faudra dessiner un story-board). Mais une approche colorée, un peu décalée (sur-colorée ?) peut également être intéressante afin d’éviter le côté « arty » du noir et blanc.

Ecouter les personnages

L’environnement sonore se doit être en concordance avec le parti pris graphique de l’image. L’histoire est vécue par Elle, pas tout à fait mère, plus tout à fait femme. Sa voix nous portera tout au long de son cheminement : si le temps du film est le présent, tous les dialogues seront en discours indirect, dits par elle. Par exemple, on pourra l’entendre dire :

1. Il dit : « Je veux vous sentir tous les deux ». Je dis : « Viens, il y a de la place ».

 

Ce discours indirect va dans le sens des corps sans visage (on pourra d’ailleurs penser à un discours direct lors du dernier plan), et dans celui du conte.
Ambiances, bruitages, musique éventuelle, détachés de tout référent à l’image, pourront vivre avec la même liberté.

 

Ce film se veut profond tout en étant léger, grave mais traité comme un jeu,. Il propose une approche crue de la représentation des sexes dans une histoire tendre et sensible.